Les polluants diminueraient la capacité de reproduction
Des études menées par l'Institut de recherches du Centre universitaire de santé º£ÍâÖ±²¥bÕ¾ (CUSM) confirment ce que de nombreuses personnes soupçonnent depuis toujours : les polluants provenant de l'environnement peuvent entraver le développement du foetus et du système immunitaire. Ces études, en partie liées à une recherche fédérale sur les substances toxiques, révèlent que l'exposition à certaines de ces substances durant la grossesse a des effets sur le foetus, qui persiste jusqu'à l'âge adulte et affecte sa capacité de reproduction.
Les chercheurs du CUSM ont mené deux études à l'intérieur de ce programme. Dans la première, les chercheurs ont étudié l'ingestion de mélanges de polluants organiques trouvés dans des substances chimiques industrielles comme la peinture, les solvants de nettoyage et les pesticides, et ses effets sur le développement du foetus. L'usage de certains de ces produits a été interdit au Canada dans les années 1980, mais il en existe encore dans l'environnement à concentration très élevée, et leur présence est évidente dans le régime alimentaire des Inuits de l'ÃŽle de Baffin. « Nous avons choisi d'étudier les polluants dans le régime des Inuits, car cette population est exposée à des substances chimiques, incluant les composés organochlorés, dont la concentration est plus élevée que la moyenne, a déclaré Bernard Robaire, chercheur au CUSM et professeur au département de pharmacologie et de thérapeutique de l'Université º£ÍâÖ±²¥bÕ¾. Nous avons examiné leur système reproducteur à cause des conséquences potentielles sur leur fertilité et sur les générations futures. »
Bernard Robaire et ses collaborateurs de l'Université º£ÍâÖ±²¥bÕ¾, de Santé Canada et de l'INRS — Armand Frappier ont étudié des rats femelles enceintes nourries de composés organochlorés, à des doses variables. Selon M. Robaire, les résultats de l'étude ont démontré que les bébés qui avaient été exposés à ces substances chimiques in utero subissaient des effets secondaires qui affectaient leur croissance postnatale et le développement des testicules et des ovaires.
La seconde étude présentée par les chercheurs du CUSM portait sur la contamination de stocks alimentaires canadiens par un composé utilisé dans la peinture marine, le tributylétain. ´ Il est étonnant de voir à quel point on ignore l'effet que peut avoir cette substance chimique sur la santé humaine », a déclaré Barbara Hales, co-investigatrice de l'étude et professeure au département de pharmacologie et de thérapeutique de l'Université º£ÍâÖ±²¥bÕ¾.
Pour commencer, Mme Hales et ses collaborateurs de l'Université Mcgill, de Santé Canada et de l'INRS — Armand Frappier ont démontré que plusieurs fruits de mer frais et préparés contenaient du tributylétain. Ils ont par la suite nourri les rats femelles enceintes avec des quantités variables de tributylétain et ils ont analysé les systèmes immunitaire et reproductif des bébés rats. Leurs résultats démontrent que ces bébés ont un système immunitaire hyperactif et un système de reproduction dont le développement est anormal. « Ces résultats indiquent que les effets secondaires de l'exposition au tributylétain durant la gestation persistent jusqu'à l'âge adulte, souligne Mme Hales. Les aliments contenant du tributylétain sont donc pour nous un sujet de grande inquiétude. »
Barbara Hales et Bernard Robaire conviennent qu'il est nécessaire d'effectuer d'autres études pour bien comprendre les effets à long terme des polluants provenant de l'environnement. « Afin de mettre au point des solutions appropriées, dit M. Robaire, nous devons poursuivre ce type de recherche. »
Créé par le gouvernement fédéral en 1998, les recherches sur les substances toxiques ont pour mandat de promouvoir la recherche sur les liens entre les substances toxiques, les dommages environnementaux et la santé de la population. L'un des principaux objectifs de ce programme consiste à favoriser la collaboration entre les scientifiques du gouvernement fédéral et des universités. Ce programme est une initiative d'une durée de trois ans, gérée par les départements fédéraux de Santé Canada et d'Environnement Canada.