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Une nouvelle technique pour trouver de la vie sur Mars

Des instruments miniatures abordables et légers peuvent détecter et analyser des microorganismes dans des milieux extrêmes évoquant l’environnement martien
±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 19 January 2018

Des chercheurs ont, pour la toute première fois, démontré qu’il était possible de détecter directement de la vie sur Mars et sur d’autres planètes, puis de la caractériser inÌýsitu au moyen de technologies existantes. Leur étude a été publiée dans la revue . Au moyen d’instruments scientifiques miniaturisés et de nouvelles techniques microbiologiques, les chercheurs ont pu trouver et examiner des microorganismes dans le Haut‑Arctique canadien, l’un des milieux les plus martiens sur Terre. Comme les chercheurs n’ont pas à expédier les échantillons recueillis à un laboratoire aux fins d’analyse, cette méthode permet de gagner du temps. De plus, elle pourrait se révéler fort utile sur Terre, aux fins de détection et d’identification d’agents pathogènes lors d’épidémies en région éloignée.

«ÌýLa recherche de la vie est généralement au cÅ“ur de l’exploration planétaire, mais les dernières missions équipées d’instruments de détection directe de la vie extraterrestre remontent aux annéesÌý1970, soit aux missions martiennes du programme VikingÌý», fait observer JacquelineÌýGoordial, Ph.ÌýD., l’une des auteurs de l’étude. «ÌýNous voulions faire une démonstration de faisabilité en prouvant qu’il était possible de détecter la vie microbienne directement et de la caractériser à l’aide d’instruments légers, peu énergivores et très faciles à transporter.Ìý»

À l’heure actuelle, l’instrumentation des missions astrobiologiques sert essentiellement à déterminer l’habitabilité des lieux, c’est-à-dire à rechercher de petites molécules organiques et d’autres «ÌýbiosignaturesÌý» témoignant de manière assez probante de la présence de vie. Toutefois, ce ne sont là que des preuves indirectes d’existence de la vie. Qui plus est, ces instruments sont plutôt lourds et volumineux, en plus d’être très énergivores. Dès lors, ils ne conviennent pas aux missions à destination d’Europa et d’Encelade, ces lunes de Jupiter et de Saturne qui, avec Mars, constituent les principaux endroits susceptibles d’abriter la vie dans notre système solaire.

Instruments miniatures

JacquelineÌýGoordial, en collaboration avec le PrÌýLyleÌýWhyte et d’autres scientifiques de l’UniversitéÌýº£ÍâÖ±²¥bÕ¾, au Canada, a procédé autrement. Ils ont eu recours à une panoplie d’instruments miniatures capables de détecter la vie directement, puis de l’analyser. En utilisant autrement des technologies légères et abordables, l’équipe a créé une «Ìýplateforme modulaire de détection de vieÌý» pouvant mettre en culture des microorganismes découverts dans des échantillons de sol, évaluer l’activité microbienne et séquencer l’ADN ainsi que l’ARN.

Pour détecter et caractériser la vie sur Mars, Europa et Encelade, la plateforme doit fonctionner dans des milieux où règne un froid extrême. C’est pourquoi les chercheurs l’ont mise à l’essai dans un cadre très proche de ces milieux extraterrestresÌý: les régions polaires.

«ÌýMars est une planète très froide et très aride, dont le pergélisol ressemble beaucoup à celui du Haut-Arctique canadienÌý», explique JacquelineÌýGoordial, successivement doctorante et boursière postdoctorale à l’UniversitéÌýº£ÍâÖ±²¥bÕ¾ au moment où elle a réalisé ces travaux. «ÌýNous avons donc recueilli des échantillons et testé nos méthodes à un endroit situé à environ 900Ìýkm du pôle Nord.Ìý»

Les chercheurs ont montré pour la toute première fois que le MiniON d’Oxford Nanopore, dispositif portatif miniature de séquençage d’ADN, permettait non seulement d’examiner des échantillons environnementaux dans des milieux extrêmes et éloignés, mais également de mettre au jour, inÌýsitu, de la vie microbienne active lorsqu’on l’associait à d’autres méthodes de recherche. C’est ainsi que les chercheurs ont pu isoler des microorganismes extrêmophiles qui n’avaient jamais été mis en culture, détecter une activité microbienne et séquencer l’ADN des microbes actifs.

«ÌýSi nous détections la présence d’acides nucléiques dans des échantillons de pergélisol martien, nous aurions une preuve sans équivoque de la présence de vie ailleurs que sur la TerreÌý», indique le PrÌýWhyte.

«ÌýCela dit, la présence d’ADN nous en dit peu, à elle seule, sur l’état d’un organisme. En effet, l’organisme peut fort bien être quiescent ou mort, par exempleÌý», ajoute JacquelineÌýGoordial. «ÌýEn associant le séquenceur d’ADN à l’autre méthodologie de notre plateforme, nous avons pu trouver de la vie active dans un premier temps, puis la caractériser et analyser son potentiel génomique, c’est-à-dire déterminer la nature de ses gènes fonctionnels.Ìý»

Bien que l’équipe ait montré qu’il était théoriquement possible d’utiliser ce type de plateforme pour rechercher de la vie extraterrestre, la mission spatiale n’est pas pour demain. «ÌýDans cette étude, les expériences ont été réalisées en grande partie par des êtres humains; or, lors d’une mission extraterrestre, elles seraient confiées à des robotsÌý», souligne LyleÌýWhyte, professeur au Département des sciences des ressources naturelles de l’UniversitéÌýº£ÍâÖ±²¥bÕ¾. «ÌýQuant au séquenceur d’ADN, il devra être plus précis et, vu la longue durée des missions interplanétaires, gagner en durabilité.Ìý»

JacquelineÌýGoordial et son équipe espèrent néanmoins que leur étude sera un tremplin vers la mise au point d’outils de détection de la vie extraterrestre.

D’ici là, leur plateforme pourrait se révéler utile sur Terre. «ÌýLes analyses réalisées au moyen de notre plateforme se font habituellement en laboratoire, après l’expédition des échantillons prélevés sur le terrain. Mais nous savons maintenant que nous pouvons étudier l’écologie microbienne en temps réel, sur le lieu même des prélèvements, et ce, même dans des milieux extrêmes comme l’Arctique et l’AntarctiqueÌý», se réjouit JacquelineÌýGoordial.

On pourrait recourir à cette plateforme dans diverses circonstancesÌý: exploration de régions lointaines ou difficiles d’accès, risque de modifier la composition d’échantillons en les ramenant au laboratoire ou obtention d’information en temps réel. Ainsi, elle pourrait servir à déceler et à identifier l’agent responsable d’une épidémie lorsque cette dernière sévit en région éloignée ou que les conditions changent rapidement.

Et un jour, elle pourrait fort bien nous apporter une preuve concluante de l’existence d’une vie extraterrestre. «ÌýOn croit que plusieurs corps planétaires seraient habitablesÌý», souligne JacquelineÌýGoordial. «ÌýEn ce moment, il se passe des choses absolument fascinantes en astrobiologieÌý», poursuit-elle.

Cette étude a été financée par l’Agence spatiale canadienne, l’Institut spatial de º£ÍâÖ±²¥bÕ¾ et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

L’article «ÌýIn SituÌýField Sequencing and Life Detection in Remote (79°26′N) Canadian High Arctic Permafrost Ice Wedge Microbial CommunitiesÌý», par JacquelineÌýGoordial etÌýcoll., a été publié dansÌýFrontiers in Microbiology:

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